SONGLIN JI a commencé ses études artistiques à Shenzhen.
Sa décision de les poursuivre en France atteste de ce désir d’émancipation et d’expression qui étaient limitées dans son propre pays.
Comme d’autres artistes tel Ai Weiwei, SONGLIN JI évoque les affres de la politique et ses effets sur les individus.
La société chinoise actuelle dotée d’un patrimoine culturel riche et précieux cherche à se développer économiquement à tout prix quitte à exercer la répression et la violence et à mettre en péril sa propre culture.
Parmi de nombreux sujets, la société de surveillance préoccupe SONGLIN JI.
Dès 2007, Big Brother, assemblage anthropomorphe de différents matériaux invite le spectateur à être confronté à l’image des chefs militaires qui vocifèrent dans l’espace public.
Sorte de marionnette dérisoire, elle incarne le pouvoir de contrôle qui interdit aux passants de porter un masque de protection qui ne permettrait pas de les identifier.
Le monde comme vaste lieu d’échanges mercantiles s’incarne aussi à travers la performance de La Billetterie en 2017, proposée dans la vidéo installée dans le guichet d’une guérite provisoire placée au pieds d’un terril lensois.
Le paysage post-industriel devient le lieu d’un tourisme culturel, le bassin minier inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, susceptible de devenir une sorte de parc d’attractions privé acheté par des propriétaires chinois. L’œuvre fait également écho à l’exploitation pendant plus de deux siècles des ouvriers mineurs, souvent étrangers, qui ont contribué à façonner le paysage actuel, meurtri par les traces des activités d’exploitation charbonnière
L’artiste réalise actuellement en écho à cette œuvre, un film dans les mines de manganèse de Shenzhen.
Ses premiers souvenirs de la France se construisent à partir de la rencontre avec le territoire côtier de Dunkerque.
SONGLIN JI y découvre lors de ses premières pérégrinations en apprenant la langue française en 2014, un restaurant appelé Belle époque, signe de tous les espoirs possibles.
L’expression lui plaît. Il y trouve à la fois l’ironie qu’il aime pratiquer ainsi qu’une marque de fabrique, une signature en somme qu’il utilisera souvent dans ses pièces.
Dans son film réalisé à Shenzhen, les mineurs portent un costume rouge dans le dos duquel est inscrit La belle époque en français.
Pénétrer sur un site industriel est interdit en Chine.
Il lui faudra faire appel à des stratégies clandestines pour effectuer le reportage fictionnel qui donnera lieu à une élégie de la dévoration de la nature.
La mise en scène dans un registre mythologique révèlera un parallèle entre les terrils du Pas-de-Calais et les mineurs chinois confrontés à la mort.
Les thèmes travaillés par l’artiste interrogent notre place en tant qu’individu, simple observateur, complice attentiste ou instrument d’une mécanique qui nous échappe tant elle se présente comme une gigantesque usine à rêves. A travers ses œuvres, SONGLIN JI nous invite à choisir notre place.
Patricia Marszal
IA-IPR d'arts plastiques